Parterre mal foutu, touffes rebelles, talus d’un terrain accidenté où les invités se prennent les pieds dans le tapis de la vie. Déjà, le sol n’est pas à la hauteur. On boit, on se console. Fête d’après la noce, le banquet rassemble les familles et les joies, les rancœurs et les ratages. Chacun y va de son numéro comique, chansons et danses, tragédie du spectacle des humanités réunies. Le père fait son discours et la mère son intéressante. On boit, trop. Une dame grosse cherche son chien, dont la robe de la mariée se souviendra. On pleure, on rit, on se tache beaucoup. On saigne et on vomit, c’est la fête d’une communauté catastrophique, qui crie, vocifère, pérore. Personne ne se parle. On s’agite et se pavane, glisse, tombe et se relève. C’est toute une vie en une soirée sans parole.
Après la vie trépidante du bureau d’Open Space, saison 2015, Mathilda May, auteure et metteuse en scène, invite dix mimes, danseurs, chanteurs, acteurs d’un burlesque qui vire au pathétique à son Banquet. Chorégraphie du désastre des êtres, obligés de passer une soirée ensemble à vivre des joies qui leur échappent.